Les paysagistes François-Xavier Mousquet et Jérôme Thomas viendront présenter ses projets lors de la conférence “Incursion dans la manufacture des outils du paysagiste” le 10/05/22.

Les paysagistes font de multiples métiers, au delà du projet type, qui lui même prend de multiples formes. Plus de la moitié du temps professionnel est consacré aux activités suivantes :

Etudes d’impact, Assistances maitrise d’ouvrage, Membres de jurys, Conseils divers, Concertations publiques, etc. Pour chacun de ces métiers, les outils sont différents, une raison de plus pour se les inventer à chaque occasion. C’est pour cela que l’idée de la manufacture des outils est intéressante, car elle ouvre le champ d’investigation à l’infini, tout en ajustant chaque outil à chaque nouveau sujet. C’est l’une des garantie de pertinence de la démarche du paysagiste, qui réinvente peut être la poudre tous les jours, mais reste en posture de recherche.

J’ai le souvenir d’un stagiaire qui venait de l’école Polytechnique, et voulait comprendre la démarche du paysagiste. Il a pris trois études de chartes paysagères différentes et s’est donné 3 jours pour les analyser, et au quatrième jour, m’a fait son rapport d’analyse, très méthodique.

Sa première « critique » qui m’avait désarçonnée était que justement, il ne retrouvait pas de méthode commune aux trois études, et trouvait cela peu rentable. Aujourd’hui, en repensant à cette anecdote, je me dis qu’il avait mis le doigt exactement sur la spécificité de la démarche paysagère, qui réinvente tous les jours le regard et l’approche du paysage, à la lumière du contexte, de la culture du jour, etc.

Le socle des certitudes sur lesquelles nous bâtissons nos convictions est finalement très malléable selon les évolutions des contextes. Le matériau du paysage étant essentiellement ces contextes dans toutes leurs dimensions, culturelles, politiques, économiques, physiques, les outils sont à réinventer à chaque pas.

C’est pour cela que Bernard Lassus parle de l’invention du regard, comme base du projet, quel qu’il soit.

Cette invention du regard vaut tout autant pour une étude que pour un projet, elle nous donne accès à l’ouverture d’esprit, une qualité dont j’espère être porteur, et qui repose sur la ré-interrogation constante de la façon dont je m’approprie le « réel », qui peut être différente d’un jour à l’autre tout en restant sensée et cohérente.

François-Xavier Mousquet