De la représentation à la modélisation de l’architecture : réintroduire le dessin d’esquisse en contexte BIM par sa spatialisation en réalité virtuelle

Thèse de doctorat en Architecture, EDSHS, Université Lille Nord de France

La thèse a été soutenue le 09 mars 2020 à l’IRCICA (Villeneuve d’Ascq).

    Directeurs de recherche

    • Frank VERMANDEL, Architecte, Responsable de l’axe « Conception » du LACTH, MCF
      à l’ENSAP Lille, Université de Lille, et à la Faculté d’architecture LOCI, Tournai. HDR
    • Laurent GRISONI (co-direction), Professeur à Polytech’Lille, Université de Lille, responsable de
      l’équipe MINT du CRIStAL, Université de Lille. Docteur en sciences de l’informatique et HDR

    Membres du Jury

    • Daniel SIRET, Architecte, Directeur de l’UMR AAU, Université de Nantes. Docteur en
      Architecture et HDR, Rapporteur
    • Pierre LECLERCQ, Ingénieur-Architecte, Professeur en ingénierie architecturale,
      Université de Liège. Directeur du LUCID, Docteur en sciences appliquées, Rapporteur
    • Isabelle FASSE-CALVET, Architecte, CR de l’équipe GAMSAU de l’UMR MAP. MCf ENSA
      Marseille, Aix-Marseille Université, Docteur en informatique appliquée
    • Theophanis TSANDILLAS, CR INRIA, Laboratoire LRI, Université de Paris-Saclay, PhD in
      Computer Science
    • Invité : Nicolas MICHELIN, co-directeur de l’agence ANMA architectes

    Résumé

    Dans le cadre du domaine des outils informatisés dédiés à la conception architecturale, les effets du BIM sur les dessins dont usent les architectes pour représenter leurs projets d’architecture suscitent des questionnements. Nous étudions particulièrement l’effet de l’utilisation de logiciels BIM sur le dessin d’esquisse sur les tâches d’idéation lors des premières phases de conception créative. Devenus standards, les logiciels de CAO-BIM sont fondés sur un principe de modélisation qui bouleverse la tradition de la représentation de l’architecture. Conduiraient-ils à l’exclusion latente des pratiques de dessin ? Conviennent-ils à la conception créative ? En proposant une critique de la modélisation BIM pour son caractère trop consensuel et adialectique pour la démarche projectuelle, nous questionnons l’antinomie supposée entre CAO-BIM et dessin d’esquisse. Nous formons l’hypothèse d’une possible modalité « bimable » de dessin d’esquisse. Dans son étude intitulée The Dialectics of sketching (Goldschmidt, 1991a), Gabriela Goldschmidt a révélé la réflexivité de la dialectique œuvrant dans le dessin d’esquisse qu’elle décrit comme une alternance entre points de vue voir Comme et voir Que traduisant les actions de conjecturer et d’analyser par des moyens graphiques et langagiers. Nous avons tenté d’observer cette dialectique de l’esquisse en adaptant cette méthode pour évaluer pour reproduire des passassions « à la main » et les comparer à trois modalités informatisées, en DAO et CAO-BIM, la dernière étant le dessin spatialisé en réalité virtuel (RV) au moyen d’un casque de réalité virtuelle. Baptisée « DialecBIM », cette méthode d’évaluation du dialectisme d’une modalité d’esquisse à produit des résultats intéressants et pourrait être étendue à d’autres modalités. Conformément aux attentes, les modalités DAO et CAO-BIM présentent un niveau de dialectisme moindre comparativement à la Main, qui est la référence. Les scores surprenants obtenus par la modalité RV et dessin d’esquisse spatialisé sont proches de ceux de la Main malgré l’apprentissage requis et les contraintes (station verticale, fatigue visuelle, imprécision du contrôleur manuel). La modalité en RV présente des qualités particulièrement utiles pour la conception créative basée sur un modèle 3D, BIM ou autre, et peut être améliorée. Nos travaux conduisent aussi à discuter de la méthode d’évaluation du dialectisme : le critère du changement de point de vue, la commutabilité, apparaissant consolidable comparativement au critère plus « robuste » de la quantité d’arguments. Avons-nous raison de vouloir mesurer des qualités architecturales comme le dialectisme ? Nous argumentons que c’est utile pour résister aux tendances performancielles, optimisantes, de la modélisation BIM qui menace la part créative du domaine architectural.

     

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