Disparition de François Chaslin

à François Chaslin

François Chaslin est décédé un 7 août, comme son grand ami Jean-Louis Cohen et lors d’un bain de mer comme un Corbusier pour reprendre le titre d’un de ses derniers ouvrages. Ironie du sort. L’importance de son œuvre de critique d’architecture et de journaliste n’est plus à démontrer ici.

François était un grand prof qui a enchanté les étudiant.e.s d’architecture pendant une petite dizaine d’années à Lille où il se sentait accueilli.

Nommé dans le champ TPCAU, nous lui avions trouvé un rôle d’intervenant « volant » dans tous les ateliers de 5ème année puis de Master. C’est donc des promotions entières qui pouvaient profiter de son regard aiguisé et de son érudition. Il encadrait également un séminaire de critique architecturale qui était une mine de culture générale.

Cet apport se prolongeait le mercredi matin dans son émission Métropolitains sur France Culture où les étudiant.e.s pouvaient l’écouter en travaillant pendant cette journée dédiée au projet. L’actualité architecturale y était systématiquement abordée avec ses invités, dans une approche transversale mêlant les arts, la politique et surtout la littérature. François était un très grand lecteur.

Au-delà de ses qualités intellectuelles et de ses connaissances, François était d’une grande curiosité et il aimait se faire surprendre. D’un abord parfois un peu distant (il se méfiait beaucoup des flagorneurs et intrigants qui cherchaient ses faveurs de critique), il pouvait se montrer, après la première barrière franchie, d’une grande écoute fondée sur un goût prononcé pour une forme d’esthétique exotique à la Victor Segalen, « une aptitude à sentir le divers ».

Je me souviens…

La première fois que j’ai rencontré François, c’était au casino d’Enghien-les-Bains au début des années 80’ où il animait une des grands-messes de la consultation nationale Banlieue 89. L’accessibilité aux ministres était plus facile et c’est avec beaucoup d’humour qu’il accueillit François Mitterrand avec un chapeau aux bords plus larges que celui du Président !

À Lille, il participait activement avec ses collègues à l’organisation et l’encadrement des voyages d’études à l’étranger qu’il considérait comme indispensable à la pédagogie. Nous prenions du temps avec les étudiant.e.s pour dessiner avec eux ce que nous visitions. François faisait de très beaux dessins à la plume épaisse qu’il réhaussait à l’encre.

Le repas du soir faisait l’objet d’une recherche précise du restaurant où nous allions manger. La règle était de commander des plats tous différents pour que chacun puisse goûter le plus de saveurs possibles. Ce moment de convivialité partagée avec ses collègues constituait le cadre des débats animés que nous avions en fin de journée. Une forme de « tiers instruit » qui donnait bon goût à la contradiction !

Je me souviens de sa voix qu’il n’aimait pas mais son élocution était claire et rythmée, émaillée d’un léger cheveu sur la langue qui charmait irrésistiblement ses auditeurs et interlocuteurs de tous âges.

Et je me souviens de bien d’autres choses encore mais surtout, si l’apport aux étudiants a été exceptionnel, celui à ses collègues l’a été tout autant. Ça doit être cela un grand prof !

 

Didier Debarge

 

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ENSAPL
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