Comité scientifique :

  • Céline Barrère, maître assistante SHS, ENSAP Lille, membre de l’UMR LAVUE
  • Jean-Marc Besse, directeur de recherche au CNRS UMR Géographie-cités
  • Serge Briffaud, historien, responsable scientifique CEPAGE, maître assistant ENSAP Bordeaux
  • Nathalie Carcaud, géographe, professeur, Agrocampus Ouest INHP Unité de Recherche Paysage, Angers
  • Joëlle Caullier, professeur université de Lille 3, directrice de l’ED SHS
  • Denis Delbaere, maître assistant ENSAP Lille, membre du LACTH*
  • Pierre Donadieu, professeur ENS du paysage, directeur du Larep
  • Sabine Ehrmann, maître assistante ENSAP Lille, membre du LACTH*
  • Eric Glon, professeur université de Lille 1, dir. de l’UFR géographie et aménagement
  • Richard Klein, professeur ENSAP Lille, membre du LACTH*
  • Yves Luginbühl, directeur de recherche CNRS, directeur de l’UMR LADYSS
  • Walid Oueslati, professeur Agrocampus Ouest INHP, dir. département Paysage, Angers
  • Frédéric Pousin, architecte, directeur de recherche au CNRS, UMR Géographie-cités
  • Sylvie Servain-Courant, maître de conférence ENSNP, membre de l’UMR CITERES
  • Pieter Uyttenhove, professeur université de Gand, département d’architecture & d’urbanisme, directeur du Labo S, laboratoire d’urbanisme

* L’ENSAP de Lille, les universités de Lille 1 et de Lille 3, les laboratoires LACTH, TVES et
CEAC font partie de l’Université Lille Nord de France, pôle de recherche et d’enseignement supérieur 

Doctorales en paysage
3ème journée

> les 9-10 novembre 2010, à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille 

Objectifs de ces journées

Organisées sous l’égide du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM), ces troisièmes Journées Doctorale en paysage ont pour objet de rassembler des doctorants francophones dont les travaux portent sur le paysage avec des entrées disciplinaires différentes. Il s’agit de répondre aux attentes et aux besoins de la communauté des doctorants pour un échange, une confrontation des points de vue et des méthodes ainsi qu’une présentation de l’avancée des travaux à partir de l’actualité de la recherche et des questions de société.

Durant ces deux jours, les doctorants dont la communication a été sélectionnée, présenteront leur problématique sur le paysage portant par exemple sur sa perception, sa représentation, son expérience et sa transformation et ce, de préférence à partir des champs de recherches proposés : épistémologie, esthétique, arts, littérature, environnement, architecture, aménagement urbain et du territoire (incluant le développement durable), histoire, histoire de l’art, de la littérature, géographie, anthropologie, ethnologie, sociologie.

Introduction aux journées doctorales

Quelques éléments de réflexion au sujet du doctorat
{architecture paysage}

Sans doute importe-t-il que les architectes et les paysagistes — les laboratoires de recherche ne sont pas seulement constitués d’eux, toutefois je mets l’accent sur eux puisque l’ens{ap}lille est dédiée à leur formation — se situent avec leurs propres outils, leurs préoccupations et leur culture au sein de la recherche afin d’apporter leur spécificité. L’attention particulière que peuvent porter les architectes et les paysagistes à la qualité spatiale, au cadre de vie, au milieu et à la spatialité éclaire sans aucun doute, voire réoriente, les autres champs étudiant le paysage, l’aménagement de l’espace, l’espace public ou commun et l’habitat.

Je souhaite mettre en avant deux notions : la première est la spatialité, soit comment un sujet s’éprouve avec son environnement (E. Straus), soit l’ensemble des usages des espaces (M. Lussault), ou des pratiques ; la seconde est le milieu, qui indique que l’être est plongé dans le monde (M. Merleau-Ponty) et qui permet de penser l’être en couplage structurel, et donc en interactions, avec un certain environnement (F. Varela). Les « opérateurs », en reprenant un terme employé par le philosophe Gilbert Simondon, soit ceux qui sont en contact avec la matière, qui agissent avec elle et ne portent pas tout leur argument sur des notions abstraites, délivrent une relation concrète et profonde dont nous avons besoin aujourd’hui, autant, d’ailleurs, que celle que les chorégraphes et les danseurs nous enseignent. Car sans une expérience vivante du milieu en lequel nous vivons et rencontrons autrui, et sans une attention aux interactions avec ce qui nous entoure, pouvons-nous avoir une compréhension intime des modes d’habiter et de leur qualité ? Pouvons-nous remarquer à quel point ils concernent le politique ? Arrivons-nous à considérer toute l’envergure de ce que réclame un développement soutenable ?

Dès lors, je le répète, il importe que les architectes et les paysagistes déploient la recherche à partir de leur approche, de leurs questionnements et expérience des choses, des matières, des éléments, des forces et des durées, des acteurs et des pratiques. Leur recherche portera moins sur leur propre projet ou sur des manières de faire, qu’elle s’appuiera sur ces dernières, sera irriguée par elles et réciproquement, car la recherche comme expérience modifie l’approche et la pratique des architectes et des paysagistes, entre autres, dans le fait d’interroger leurs propres outils, modes de représentation, références et intentions. En même temps, l’éclairage mutuel d’une discipline à l’autre est plus que nécessaire pour un élargissement des questions dans la complexité des enjeux contemporains.

C’est pourquoi les Journées doctorales en paysage et en architecture sont des moments à conforter pour les doctorants tout comme pour la recherche, et nous avons été très heureux d’accueillir les 3es Journées doctorales en paysage à Villeneuve d’Ascq en novembre 2010. Ces Journées ont réuni doctorants et jeunes chercheurs faisant partie de laboratoires en aménagement de l’espace et urbanisme, en architecture, en esthétique, en géographie, en géographie sociale, en histoire de l’art, en sciences et techniques du paysage, en sociologie, avec parfois des orientations transdisciplinaires en Algérie et en France.

La prise en compte des différences et de la pluralité des approches est décisive pour le paysage car celui-ci ne se définit pas au sein d’une discipline. Il concerne l’histoire de la pensée et des transformations de l’espace habité et cultivé, il est immatériel, invisible et concret, relié à un sujet individuel tout comme à une conscience collective. Dès lors, il assemble approche théorique, sensible et pratique, usages et valeurs, mode d’être et horizon de sens, projet et représentation. S’écouter les uns les autres assure ainsi des échanges qui doivent continuer de nourrir la recherche tout autant que le projet de paysage.

Quatre sessions ont été dégagées à partir de la sélection des interventions retenues par le comité scientifique : « Paysage & Histoire », « Histoire de l’art des jardins », « Actualités urbaines paysagères & politiques publiques » et enfin « Représentation & perception du paysage ». Elles structurent l’ensemble. Les textes téléchargeables ici ont été revus par leurs auteurs suite aux échanges ; ne correspondant donc pas à la présentation orale, ils témoignent d’un double travail éditorial. Chaque session fut présentée par un ou deux chercheurs invités faisant partie du comité scientifique. Leur texte est disponible ici ainsi que leur conclusion et conseils donnés aux doctorants. Des décalages pourront ainsi apparaître puisque certaines interventions mentionnées dans les textes de présentation n’ont pas été acceptées ou n’ont pas été finies à temps pour être incluses ou qu’à l’inverse une intervenante n’ayant pu se rendre en France a été invitée à envoyer son texte.

Les textes des intervenants sont en ligne individuellement sur le site de la revue Projets de paysage qui réunit et présente les interventions de toutes les Journées depuis la première en 2008. En dehors des textes des présidents de session, nous renvoyons ici à cette mise en ligne.

Mes remerciements à Corinne Tiry-Ono, Jennifer Buyck et Mathilde Christmann pour leur aide précieuse dans l’organisation et le suivi.

Catherine Grout
professeur d’esthétique HDR à l’ens{ap}Lille,
chercheur au Lacth, chercheur associé au Ceac (Lille 3)
membre du réseau Japarchi et ancienne résidente à la Villa Kujoyama

Pour citer cet article :
Catherine Grout : « Quelques éléments de réflexion au sujet du doctorat {architecture paysage} », une introduction à la mise en ligne des 3es Journées doctorales en paysage 2010 — Lacth — ens{ap}lille

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