Journal de l’atelier public de paysage n°5

27 Mai 2012 | Journaux de l'atelier public de paysage, Nos actualités, Publications

Paysages d’hospitalité

L’hôpital est un lieu essentiel de notre vie. C’est là que beaucoup d’entre nous voient le jour, là que beaucoup d’entre nous finissent les leurs. Entre ces deux extrêmes, l’hôpital est un espace où chacun est amené, plus ou moins régulièrement, à accompagner un proche, ou à séjourner pour un temps plus ou moins long. Un temps où l’on “patiente”.

L’hôpital est une chance, une richesse, un lieu de soins, de prise en charge, un lieu qui, bien souvent, soulage de la douleur et offre la guérison. C’est aussi dans le même temps, un lieu d’inquiétude, d’angoisse, de remise en question.

Complexe, technique, hyper-spécialisé, l’hôpital est aujourd’hui souvent conçu comme un monde à part, qui renseigne sur le rapport que nos sociétés entretiennent avec la santé, le corps, et la maladie. En ce sens l’hôpital constitue un miroir qui comme tel invite à réfléchir. 

Déjà, sous la Révolution, le chirurgien Jacques Tenon écrivait : “Les hôpitaux sont en quelque sorte la mesure de la civilisation d’un peuple.” Le théoricien Jules Guadet ajoutera plus tard : “l’hôpital parfait il y a vingt ans est arriéré aujourd’hui. L’hôpital parfait aujourd’hui sera arriéré dans vingt ans. A chaque époque, le programme de l’hôpital, c’est l’état de la science du malade.

L’hôpital parle d’espaces. C’est un lieu de seuils entre le normal et le pathologique, un entre-deux entre le sain et le malsain, un passage entre le familier et l’étrange, un endroit où s’exacerbent les distinctions entre toutes sortes de groupes et d’individus : soignants, soignés, visiteurs, familles, accompagnateurs, étudiants, professionnels de toutes sortes…

L’hôpital parle d’échelles. La santé aujourd’hui intéresse non seulement le monde médical, mais les politiques d’aménagement. A l’échelle du territoire, l’imbrication des enjeux de santé et des politiques d’aménagement est évidente. l’hôpital suppose des stratégies d’implantation, de desserte, d’accessibilité en fonction de la morphologie territoriale, de leurs densités et de leurs modes de transports.

A l’échelle de la ville, l’hôpital est un élément essentiel du paysage urbain. C’est un repère au même titre qu’une cathédrale ou qu’un beffroi, mais c’est aussi un atout ,un attribut, à l’égal d’un campus universitaire ou d’un pôle judiciaire. Complexe, polymorphe, l’hôpital a bien sûr une fonction première sanitaire, mais il est aussi employeur, consommateur, formateur…

Enfin à l’échelle ultime, l’échelle de l’individu, l’hôpital est un lieu où ce que l’on voit de sa fenêtre est très important. Sur ce point, on se souviendra de l’humanité avec laquelle Alvar Aalto par exemple, dessina le sanatorium de Païmio.

Le thème des relations liant l’hôpital et le paysage est donc passionnant. Alors au printemps 2012, dix-neuf paysagistes “en herbe” de l’EnsapLille ont donc accepté de répondre à l’invitation du CHRU de Lille et de réfléchir pendant douze semaines à une question simple, mais essentielle :

« Le paysage peut-il aider l’hôpital à contribuer à sa mision première d’hospitalité ? »

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