En 1973, le plasticien Victor Vasarely se fait architecte en construisant une Fondation, un centre architectonique, qui portera son nom, à Aix-en-Provence. Cette architecture singulière, manifeste de l’art optique, interpelle par son enveloppe autant que par ses intérieurs : à l’extérieur, un monument-écrin en noir et blanc versus à l’intérieur, une explosion de couleurs grâce aux 42 œuvres monumentales, les Intégrations de Vasarely. Quarante ans après son édification, le bâtiment a vieilli mais son état d’authenticité est restaurable. Une opération de restauration en conservation est entreprise depuis 2011. Et l’édifice a été inscrit (2003), puis classé Monument historique (2013). La patrimonialisation de cette œuvre emblématique des Trente Glorieuses questionne. S’agit-il de restaurer les qualités matérielles intérieures et extérieures de l’édifice ou avant tout l’esprit du lieu ? Pour un édifice dont la particularité est d’être une machine à illusions, est-il possible de recomposer les conduites perceptives et comportementales des visiteurs à l’identique ? Questionner la dimension sensorielle de la restauration-conservation de la Fondation revient ici à sonder la notion ambiguë d’« ambiance patrimoniale ».