Appel à participations : états généraux de la critique de projets d’espace public

8 Mar 2022 | Concours et appels, Nos actualités, Participation de ses membres, Recherche, Rencontres scientifiques

Le réseau « Critique et Projet de Paysage » lance un appel à participations aux états généraux de la critique de projets d’espace public

Depuis quelques décennies, le paysage est devenu un argument de projets d’espaces publics. Dans le même temps, le projet de paysage luimême peut offrir des prises à une lecture critique des espaces publics.

Il semble en effet paré de plusieurs vertus :

(ré)introduire la “nature” en ville en rendant visible des milieux et processus écologiques, s’inscrire dans la dimension mémorielle ou historique des territoires en intégrant la longue durée, ou encore reconsidérer des espaces publics (urbains, suburbains, périurbains, ruraux) à partir de leurs horizons externes, leurs ambiances et leurs continuités spatiales voire par une participation habitante accrue.

Autant de manières de faire émerger de nouveaux regards sur les villes, leurs abords et leurs espaces publics, que le travail des paysagistes pourrait soutenir activement, à la demande des pouvoirs publics.

Mais le projet de paysage constituetil vraiment aux yeux de tous, aujourd’hui, une «alternative » viable, dans un climat de dégradation écologique accélérée, d’inaction politique et de tension sociale accrue ? Force est de constater qu’il n’échappe pas aux lignes de partage, aux contradictions et aux conflits qui divisent le monde social. La transformation des espaces publics affecte pourtant directement nos milieux de vie, nos conditions de logement, de travail, d’éducation, de santé et de soin, de loisir, d’expression et de manifestation, d’épanouissement de nos capacités individuelles et collectives. La consommation élevée de ressources que suppose cette transformation, l’enjeu de la durabilité des aménagements qu’elle engendre, et l’aggravation des inégalités deviennent également des questions pressantes. De tous côtés, l’accessibilité se réduit. Les tendances à la fermeture et au repli, via les phénomènes de « résidentialisation », de privatisation marchande ou encore d’« engrillagement », touchent les villes comme les campagnes, les forêts, les littoraux ou les montagnes.

Les positions et les avis diffèrent sur la nécessité ou non d’y mettre un terme. Mais force est de constater que ces enjeux restent à l’arrièreplan, si ce n’est purement et simplement invisibles, lors des prises de décision et des chantiers. Dans ces conditions, le besoin d’une mise en discussion démocratique, pluraliste et critique sur l’avenir de nos espaces publics et de nos paysages se fait jour.

La critique de projets d’espaces publics peut ouvrir un cadre de compréhension pertinent des dimensions sociales, écologiques et politiques du projet de paysage. Il devrait aller de soi que l’aménagement de l’espace public, comme toute forme de l’action publique, doit être exposé à une forme de critique. Audelà du fonctionnement économique et technique du métier des concepteurs, celleci prendrait le sens d’une enquête fondée sur l’observation attentive, développant des points de vue contradictoires et des analyses argumentées des effets de ces aménagements. Or, le projet d’espace public semble paradoxalement échapper à la critique : tandis que la presse professionnelle diffuse des recensions à visée essentiellement promotionnelle, les écoles et les universités produisent une critique savante dont les modalités d’expression et de diffusion réduisent l’écho.

Comment défendre aujourd’hui la nécessité d’une critique des espaces publics et des paysages ? Comment porter un régime de discours plus attentif à ces structures essentielles de la vie sociale ? Prendre au sérieux l’enjeu d’un débat démocratique à ce sujet demande de l’ouvrir à toutes celles et tous ceux qui, de près et de loin, se trouvent impliqué.e.s dans la transformation et l’entretien de nos environnements : praticiens et techniciens de l’urbanisme et de l’aménagement, spécialistes de l’énergie, du recyclage, concepteurs, élus, représentants institutionnels, entreprises, chercheurs ; mais aussi associations d’habitants ou d’usagers, agriculteurs, pépiniéristes, jardiniers, écologues, écologistes (dont ONG), photographes, écrivains ou artistes, chasseurs, randonneurs. Bref, c’est à de véritables états généraux de la critique de projets d’espace public qu’il pourrait être utile de parvenir !

Ces « états généraux », s’ils s’adressent avant tout aux acteurs impliqués dans la production de la critique (revues, éditeurs, associations, collectifs, militants, intellectuels, journalistes), auront donc le sens d’un rassemblement le plus large possible. L’organisation en est assurée par le réseau Critique et Projet de Paysage (CPP), qui rassemble depuis 2018 une dizaine d’enseignant.echercheur.e.s des écoles françaises de paysage (et des écoles d’architecture où un accent fort est mis sur l’enseignement du paysage). Le réseau a exploré à travers 7 sessions de travail les enjeux et les questions de méthode que pose l’exercice de la critique de projet d’espace public, saisi sous l’angle du paysage. Il s’agira donc de rendre compte de ces travaux auprès des acteurs, pour l’instant dispersés en France et en Europe, d’une critique émergente de projets d’espace public et d’identifier les synergies susceptibles de coordonner les travaux et les aspirations de ces acteurs autour d’objectifs communs et lisibles.

Jour 1 :
introduction : rappel des activités du réseau CPP et objectifs des États généraux
sessions thématiques parallèles :

  • « Critique et pédagogie »
  • « Critique de paysage / critique d’architecture : quelles différences ? »,
  • « Critique et projet »,
  • « Critique et médias »,
  • « Critique et recherche »,
  • « Critique et débat démocratique »

visite de terrain pour stimuler les questionnements sur la méthode critique

Jour 2 :

matin : Atelier « quelles propositions pour la critique ? »
aprèsmidi : synthèse des travaux
visite de terrain conclusive et apéritif dinatoire

Des stands d’éditeurs seront installés pendant les deux journées. Des posters de présentation des différentes revues ou plateformes d’information existantes seront exposés. Un Livre Blanc de la Critique sera produit à l’issue des deux journées, contenant la synthèse des travaux et décrivant une stratégie concrète pour mettre en œuvre les décisions prises.

Comité d’organisation :

Membres du réseau Critique et Projet de Paysage : 

  • Rémy Bercovitz (ENSAPB) : bercovitz@bordeaux.archi.fr
  • Alexandra Bielher (ENSAM) : biehler@club-internet.fr
  • Bernadette Blanchon(ENSPVM) : blanchon@ecole-paysage.fr
  • Hervé Davodeau (Agrocampus) : davodeau@agrocampus-ouest.fr
  • Denis Delbaere (ENSAPL) : denisdelbaere59@gmail.com
  • Sabine Ehrmann (ENSAPL) : sabine.0@gmail.com
  • Olivier Gaudin (ENSNP) : gaudin@insa-cvl.fr
  • Elise Geisler (Agrocampus) : geisler@agrocampus-ouest.fr
  • Philippe Hilaire (ENSAPLV) : hilaire@hilaire-paysagistes.com
  • Sonia Keravel (ENSPVM) : keravel@ecole-paysage.fr
  • Jean-Baptiste Lestra (ENSPVM) : lestra@ecole-paysage.fr
  • Audrey Marco (ENSPVM) : marco@ecole-paysage.fr
  • Aurélien Ramos (ENSAPB) : ramos@live.fr
  • Lolita Voisin (ENSNP) : voisin@insacvl.fr

Comment participer ?

L’événement est gratuit. L’inscription est obligatoire par mail adressé à l’un des membres du comité d’organisation. Les propositions d’intervention éventuelles sont à adresser au comité d’organisation au plus tard le1er Juin 2022, sous la forme d’une courte note de présentation.

Ces propositions peuvent concerner un ou plusieurs des moments de ces journées:
intervention dans l’une des sessions thématiques parallèles (le nombre et la
thématique définitive des sessions, ainsi que la durée des interventions seront fixés en fonction des participations)
réalisation et animation d’un stand de revue ou d’éditeur
réalisation d’un poster de présentation d’une démarche critique

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