Le Corbusier et le cinéma, la communication d’une œuvre

thèse en Architecture, EDSHS, Université Lille Nord de France
en cotutelle avec l’Université Libre de Bruxelles (inscr. 01-10-2011)

La thèse a été soutenue :

  • à l’ULB (défense privée), le 26 octobre 2017
  • à l’Ensapl (défense publique), le 27 novembre 2017

Membres du Jury

  • Richard KLEIN, professeur à l’Ensap de Lille, directeur de thèse (EDSHS)
  • Eric Van ESSCHE, professeur à l’Université Libre de Bruxelles, co-directeur de thèse
  • Bruno REICHLIN, Professeur à l’Accademia di Architettura de l’Université de la Suisse Italienne (Suisse)
  • Jean-Louis COHEN, Professeur à l’Université de New York, Institute of Fine Arts (Etats-Unis)
  • Eric MONIN, Professeur à l’Ensap de Lille
  • Tim BENTON, Professeur émérite à l’Open University (Royaume-Uni)
  • Judith LE MAIRE DE ROMSEE, chargée de cours à l’Université Libre de Bruxelles (Belgique)

Cette thèse a reçu :

  • le prix de la thèse 2017 (2 lauréats) de l’Ecole Doctorale SHS
  • le Prix de la “recherche patiente” (année 2017) de la Fondation le Corbusier.
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Résumé

L’étude s’intéresse à la production cinématographique et télévisuelle de et sur Le Corbusier lors de son vivant. Longtemps ignorée comme instrument de communication de l’architecture et de l’urbanisme, l’œuvre filmique (comme complément de la photographie et de l’édition) reste peu connue et reconnue. La thèse est construite en deux parties : une partie de catalogage de l’œuvre filmique, formant le corpus de l’étude, et une partie réflexive, qui interroge divers aspects de la création et de la diffusion de cette production.

Un premier défi de la thèse consiste à étudier la masse d’archives relatives aux différents projets de films afin de combler le vide propre à cet aspect de la production de Le Corbusier, pour l’inclure à part entière dans sa production artistique. Le catalogue est le résultat d’une recherche transdisciplinaire qui demande une investigation dans deux, voire trois domaines de recherche : l’architecture, le cinéma et la télévision, en tenant compte des spécificités de chaque discipline. Chaque projet ou réalisation de documentaire est décrit depuis sa phase d’intention jusqu’à sa réception et sa valorisation, incluant les données techniques et les références contemporaines aux films. Ce corpus permet de mesurer l’importance quantitative des documents cinématographiques et télévisuels que Le Corbusier a pu entreprendre durant sa vie ou pour lesquels il a été sollicité.

Un deuxième travail, réflexif, traverse les modalités de la communication et de la représentation de l’architecture et de l’urbanisme de Le Corbusier par le biais du cinéma et de la télévision. De l’investigation dans les théories transdisciplinaires – de réception, de diffusion, socio-économiques, sémiotiques et rhétoriques – et leur application sur l’œuvre cinématographique et télévisuelle de Le Corbusier, résultent trois hypothèses résumées par les termes : transmission, transposition et transcription.

L’étude questionne dans un premier temps les mécanismes de la transmission. Par celle-ci est entendu tout mécanisme de médiation de Le Corbusier par le biais des documentaires – et par extension les interviews télévisées. En croisant les résultats du corpus avec les théories de la réception, de la diffusion et du marketing, les intuitions sont confirmées quant à l’efficacité ou l’inefficacité de certains documentaires comme outils de communication, voire de promotion.

Dans un deuxième temps sont approfondis les savoirs sur le processus de création de Le Corbusier, autant sur le plan de la représentation de l’architecture, que sur le plan de la construction du discours dans les documentaires cinématographiques. Le principe de la transposition part du constat que les documents cinématographiques entretiennent des liens de proximité avec leurs contemporains photographiques. La recherche utilise les théories sémiotiques pour analyser la manière avec laquelle Le Corbusier compose avec l’imaginaire et les techniques de la photographie pour concevoir ses projets de films.

La transcription concerne essentiellement l’argumentation cinématographique de Le Corbusier. Ici, l’analyse part du constat que les écrits de Le Corbusier sur le cinéma, et la pensée qui en émane, ne correspondent pas à la réalité cinématographique ni aux nécessités d’un cinéma de communication. La rhétorique corbuséenne au cinéma est analysée en reprenant les techniques décrites par les principaux théoriciens de la rhétorique et comparée aux exemples issus des conférences et publications.

L’étude nous a permis de dégager quatre conclusions. Tout d’abord, il s’avère que la production filmique est une production créative et fonctionnelle très considérable dans l’œuvre de Le Corbusier, qui mérite d’être valorisée. Ensuite, la réception par un large public, réussie ou non, semble intimement liée aux démarches de l’architecte au niveau politique. Troisièmement, la manière dont Le Corbusier a voulu promouvoir son œuvre par le film peut être assimilée à des stratégies de marketing. Enfin, l’analyse du processus créatif des films a permis de comprendre la transversalité des médiums, et de saisir encore davantage l’importance d’une valorisation de cette œuvre filmique dans l’œuvre corbuséenne.

 

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