La part sonore de l’architecture. De l’expérience à l’expérimentation

Habilitation à diriger les recherches en Architecture

Soutenue à l’Ensapl, salle Mallet-Stevens, le vendredi 8 mars 2019.

Garante

  • Catherine GROUT, professeure HDR, ENSAP de Lille

Membres du Jury

  • Catherine GROUT, Professeure – Ensap de Lille, LACTH. Garante
  • Pascal AMPHOUX, Professeur – Ensa de Nantes, UMR AAU. Rapporteur
  • Anne BOISSIERE, Professeure – Université de Lille
  • Daniel DESHAYS, Professeur – ENSAT
  • Eric MONIN, Professeur- Ensap de Lille, LACTH. Rapporteur
  • Jean-Philippe PIERRON, Professeur – Université Lyon 3. Rapporteur.
  • Sylvie SALLES, Professeure – Ensp Versailles LAREP

Résumé

Saisissant le tournant sensible des études sur les milieux habités, cet essai tente d’éclairer les ressources le plus souvent insoupçonnées de la part sonore de l’architecture. L’exploration ouvre trois ordres de questionnements. Un premier, d’influence phénoménologique, sur l’acuité du sens de l’ouïe, associée aux autres sens dans l’expérience des espaces vécus. Un second, à tendance pragmatique, sur la portée qu’a pu occuper, ou que prendra demain, le sonore dans la production de l’espace habité. Enfin, un troisième, plus théorique, qui cherche à définir les dynamiques de l’espace sonore.

Pour aborder ces questions, j’ai choisi de revisiter l’architecture sous un angle résolument personnel en faisant appel à mes propres expériences. J’ai complété cette approche expérientielle par des récits sensibles d’auteurs ayant su saisir le sonore dans leurs explorations spatiales (Peter Szendy, Henry David Thoreau, Rainer Maria Rilke, John Avery Lomax, Philippe Rahm, Catherine Grout, Henry Torgue, Alain Cavalier). C’est donc à partir de récits d’expériences situées, fondatrices ou plus banales, que j’entends restituer la puissance imaginative de l’écoute comme mode d’être au monde, passant insensiblement d’une écoute flottante à une attention experte. L’analyse croisée des récits conduit petit à petit à réinterpréter les quatre niveaux d’attention de l’audible, empruntés au compositeur Pierre Schaeffer et revisités, entre autres, par François Jullien et Pascal Amphoux : ouïr, écouter, entendre, comprendre.

De l’expérience à l’expérimentation, j’envisage aujourd’hui un projet scientifique axé sur l’expérimental sous des formes de recherches-création qui garantissent une affectation explicite des sons. Que l’usage du sonore comme médium intégré au processus de projet soit plus naturel pour les professionnels de l’espace. Que les architectes puissent expérimenter leurs idées dans des auditoriums d’un nouveau genre. Que ces expérimentations de restitution immersive puissent contribuer à inventer des méthodes sensibles plus holistiques où l’analyse, la conception et, in fine, la production de l’espace construit s’hybrident plus qu’elles ne se succèdent.

Au sein de l’économie émergente du marketing sensoriel, l’économie de l’attention au sonore, évoquée par Matthew Crawford, est peut-être une nouvelle voie, centrée sur l’expérience, que l’esprit de synthèse de l’architecte pourrait porter. Le chercheur en architecture gardant quant à lui son rôle de passeur dans les mises en tension de l’espace sonore en action.

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